top of page

Le "Mental" dans la tête de l'entraineur

Dans le Judo, nombreux sont les combattants, leurs entraineurs ou encore leur entourage, à parler de l’importance du « mental » à l’entrainement ou en compétition dans le but de justifier une performance.

En effet, nous entendons régulièrement au bord des tatamis ces fameuses exclamations «Aujourd’hui, ça s’est joué au mental », ou encore « la douleur, c’est dans la tête »

Pour argumenter leurs interventions à ce sujet, les entraineurs prennent régulièrement pour exemple les capacités mentales de Judoka avec plus d’expérience, soit parce qu’ils sont d’un niveau supérieur, soit parce qu’ils sont plus âgés.

Avec ce constat, posons-nous quelques questions :

  • Que veulent dire les entraineurs lorsqu’ils parlent de « mental » ? A quelles habiletés mentales font-ils référence ?

  • Quel est pour eux, l’importance de chaque habileté mentale dans la réalisation de la performance sportive ? Et y voient-ils des différences selon les niveaux et les catégories d’âge ?

  • Et dans le fond, ces différences existent-elles réellement ? et peut-on les constater ?

Autrement dit :

  • Quelles sont les habiletés mentales pour lesquelles nous pouvons constater une différence selon le niveau et selon l’âge ?

Protocole

Ma recherche s’est faite en 2 parties : la première consiste à interviewer des entraineurs pour identifier des habiletés mentales utiles pour les judokas. La seconde est une évaluation de ces mêmes habiletés par des athlètes de niveau et d’âge différents par l’intermédiaire de différents tests.

1ère partie :

Interview des entraineurs qui accompagnent des judokas jusqu’au championnat de France 1ère division en cadet, Junior ou Senior.

Analyse des Interviews des entraineurs

Les entraineurs ont su dégager des habiletés mentales diverses :

D’abord, la Concentration.

Pour chacun, le judoka doit être capable « de se mettre dans sa bulle » afin d’être prêt dès le début du combat. Il doit chercher à « éviter de se disperser » soit par d’autres combats, soit par d’autres combattants, ou encore par différentes pensées qui ne sont pas en lien avec sa performance à venir. Egalement, il doit être en mesure d’ « avoir uniquement à l’esprit ce qu’il doit faire » ce qui signifie son déplacement, placer ses mains pour pouvoir attaquer efficacement et pour limiter les attaques de l’adversaire, pour ainsi dire sa stratégie.

La Confiance en Soi : élément récurrent pour les entraineurs

L’athlète est confiant quand il se sent efficace, cela passe notamment par un développement des qualités techniques et physiques durant l’entrainement, par différents succès durant les combats à l’entrainement ou lors de compétition de niveau inférieur à celui du judoka, par un sentiment de confiance de l’entourage en la performance du sportif. Le manque de confiance en soi peut être un élément déclencheur de stress.

La gestion du Stress

Les entraineurs s’accordent à dire que le stress a des effets différents selon les athlètes. Pour certains combattants, le stress va inhiber leurs capacités à être performant soit parce qu’il rencontre un adversaire difficile, parce que l’événement (la compétition) représente une étape importante dans l’évolution de la carrière du Judoka, ou encore parce qu’il veut plaire. Alors que pour d’autres, le stress va être ressenti comme un défi à relever, une volonté de se surpasser, et d’aller au bout de soi-même pour atteindre l’objectif fixé.

La Motivation

Les entraineurs reviennent essentiellement sur la notion de plaisir dans la discipline.

Le plaisir de progresser soit en se comparant soi-même à différents moments de la saison, soit en se comparant à des adversaires ; et également le plaisir de retrouver à l’entrainement ou en compétition d’autres personnes ayant des intérêts proche des leurs.

La Combativité : l’incontournable

A l’entrainement, l’athlète exprime une forme d’agressivité envers lui-même afin « de dépasser ses limites », les ainés laissent comme héritage un besoin de se faire mal à l’entrainement, d’« aller au bout de soi-même à chaque exercice » afin de retrouver cet état d’esprit durant les compétitions, notamment lorsque l’athlète est « épuisé et mené au score, il doit se relever et retourner au combat pour donner toute l’énergie qu’il lui reste et croire en ses chances jusqu’au bout ». La combativité, c’est aussi « montrer qu’on ne craquera pas, qu’on en a encore sous le pied, et que l’adversaire doit être à son maximum parce que nous on va rien lâcher ».

D’autres éléments ont été cités, comme :

  • la Rigueur. Le judoka rigoureux sait passer du temps sur des combinaisons techniques qu’il connait afin d’optimiser chaque mouvement, de maitriser chaque détail.

  • la Curiosité. Le judoka qui cherche de nouvelles techniques, des phases qui peuvent l’aider à mieux maitriser ses gestes et à être plus efficace, ou encore à créer la surprise aura un temps d’avance sur ceux qui s’en tiennent uniquement aux enseignements techniques de base.

Voyons ensuite le niveau d’importance de ces 5 principales habiletés mentales citées par les entraineurs.

Les différences selon le niveau

Les entraineurs pensent que toutes les habiletés mentales des cadets, juniors et seniors de niveau national sont supérieures à ceux de niveau départemental.

Plus précisément, on constate un écart plus important au niveau de la gestion du stress et de la combativité, ces 2 habiletés semblent être moyennement importantes au niveau départemental alors qu’elles sont très importantes au niveau national. L’importance de l’agressivité décrit par les entraineurs, qui est représentative de l’affirmation de soi dans le principe du combat, ou appelée plus simplement la combativité, est grandissante lorsqu’on accède au niveau supérieur. Cette combativité grandissante peut s’expliquer par le fait qu’il faille pallier à un manque technique ou physique, ou encore qu’il faille montrer à l’adversaire que l’athlète est bien présent dans le combat et qu’il est prêt à en découdre.

Alors que l’écart pour la motivation est petit entre le niveau départemental et le niveau national chez les cadets, cette qualité est quand même importante selon les entraineurs. La gestion du stress, la concentration et la combativité sont moyennement importantes au niveau départemental alors qu’elles sont très importantes au niveau national.

La confiance en soi et la motivation ont, quant à elles, un écart moins grand entre le niveau départemental (importantes) et le niveau national (très importantes). La confiance en soi, plus importante chez les judokas de niveau national, peut être le résultat des succès rencontrés lors des compétitions de niveau inférieur, ce qui est plus difficile à trouver pour les judokas de niveau départemental.

Selon l’âge

Comme nous pouvons le voir sur la figure 4 toutes les habiletés mentales sont proches en termes d’importance pour chaque catégorie d’âge au niveau départemental. La combativité est moyennement importante dans chacune des 3 catégories d’âge. Le cas se répète pour la gestion du stress et la concentration pour les cadets et juniors. Pour chacune des catégories d’âge, la motivation est importante. La confiance en soi est importante pour les juniors et les séniors alors qu’elle est moyennement importante pour les cadets selon les entraineurs.

La méthode d’apprentissage des judokas de niveau national, notamment en reprenant les différentes motivations, accompagnée de leur volonté d’apprendre, peut être également le résultat d’une plus grande confiance en soi. Il semble aussi nécessaire de citer l’environnement du sportif (sa structure d’entrainement, son entourage sportif et familiale) comme étant un facteur important pour la confiance en soi.

Au niveau national (Error: No se encuentra la fuente de referencia), la combativité et la gestion du stress ont atteint un niveau très important pour être performant dans chaque catégorie d’âge. Les judokas de niveau national ont des capacités à se relâcher plus importantes que les judokas de niveau départemental, ce qui peut les aider à mieux exprimer leur talent que les combattants qui n’arrivent pas à se désinhiber à cause de l’enjeu que peut créer la compétition. Comme au niveau départemental, les séniors et les juniors ont le même niveau d’importance de motivation (très importante) alors que les cadets ont un degré en dessous (importante). Pour la confiance en soi et la concentration, on voit une différence entre les 3 catégories d’âge, elles sont très importantes en séniors, un peu moins en juniors et elles sont seulement importantes en cadets.

Les constats

Les habiletés mentales évoquées sont alors, d’après les entraineurs, plus importantes au niveau national que départemental. Egalement, elles prennent plus d’importances en sénior qu’en cadet, ce qui montre que, plus on est dans les catégories d’âge supérieures, plus la gestion du mental prend un place importante. Toutefois, il est impératif de considérer que chaque individu est unique et que ses réactions peuvent être différentes d’un événement à un autre. Donc, le développement des habiletés mentales est un processus qui doit être pris en compte dans la volonté d’atteindre le niveau de compétition supérieur. Il existe 2 possibilités :

  • soit directement à l’entrainement ou en compétition. Les judokas se forment indirectement et développent leurs habiletés mentales au fil du temps et de leurs expériences. Encore faut-il avoir les outils pour se rendre compte de ses besoins ;

  • soit par la pratique de la préparation mentale afin d’utiliser les outils dans l’entrainement ou la compétition de Judo et optimiser la performance.

Considérant que cette étude a permis de mettre en avant certaines habiletés mentales, la pratique spécifique de la préparation mentale, au même titre que la préparation physique et la préparation technico-tactique, peut permettre à des athlètes d’accéder à des niveaux de compétition supérieurs.

Publications à l'Affiche
Publications récentes
Search By Tags
Pas encore de mots-clés.
Réseaux sociaux
  • LinkedIn Social Icon
  • Instagram Social Icon
  • Twitter Social Icon
  • Facebook Classic
bottom of page